Carlos Molina Crichton, président de la fondation Centro Latinoamericano del Vitral, vient de faire récemment une découverte qui intéresse vivement le vitrail français. Dans l’ancienne villa qui est aujourd’hui occupée par le siège de l’école Mariano de Schoenstatt, il a identifié un ensemble de sept verrières civiles, dont l’une est signée « Gaudin. Paris. 1905 ».

Cet ensemble a été étudié dans la thèse sur Félix Gaudin, mais les verrières n’étaient alors pas localisées. C’est désormais chose faite.

La maison de campagne de Carlos Roberto Cousiño-Goyenechea (Santiago, 1859-Nice, 1932), a été bâtie à Providence, commune composant aujourd’hui la métropole de Santiago du Chili. Cet héritier du fondateur de l’industrie charbonnière de Lota, vécut en grande partie en France à partir du milieu des années 1880. Il est connu comme un grand amateur de chevaux, promoteur des courses hippiques au Chili. Pour sa maison de campagne, il s’est adressé à l’architecte Alberto Cruz-Montt (Valparaíso, 1879-Santiago, 1955). Ce dernier avait été formé à l’École spéciale d’Architecture de Paris. Sept verrières ornent encore aujourd’hui ce bâtiment. Il s’agit de vitraux paysagers, dont les dessins ont été réalisés par Frantz Waldraff. Le plus grand d’entre eux, représentant deux paons juchés sur une fontaine, avec un bâtiment inspiré du Grand Trianon en arrière-plan, a été exposé au Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1906. L’image de ce vitrail a été reproduite dans la presse, tant en France qu’au Chili, et a été également utilisée dans le catalogue commercial de l’entreprise Gaudin. Les autres panneaux représentent soit de vues de villes médiévales d’Europe, soit des « coins de parc » avec des statues ou des fabriques de jardin. Pour traduire la vision poétique de Waldraff, Gaudin a fait usage de nombreux verres à reliefs, délaissant la peinture à la grisaille.

Ces vitraux, actuellement en cours d’étude par le Centro Latinoamericano del Vitral et le Centro del Patrimonio de la Universidad Católica de Chile, seront ensuite restaurés par le Laboratorio Espacio Transparente, de Valparaiso, et  reprendront bientôt place dans leur cadre d’origine.

Texte : Andrea Araos, Jean-François Luneau, photos : Sergio Lehuede Cerda

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